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Boris Busslinger
Washington
Publié le 19 novembre 2025 à 20:34. / Modifié le 19 novembre 2025 à 21:07.
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Mohammed ben Salmane (MBS), le prince héritier et chef d’Etat du royaume d’Arabie saoudite, était cette semaine en visite aux Etats-Unis. Et Donald Trump a mis le paquet pour lui souhaiter la bienvenue. Depuis son premier mandat, qu’il avait commencé en se rendant à Riyad, le président américain entretient d’excellents rapports avec son homologue, avec qui il partage la même vision transactionnelle des relations internationales.

De rodomontades en dîner mondain, la tournée washingtonienne du Saoudien a débouché sur des succès significatifs pour les deux hommes. Donald Trump a pu célébrer de très larges promesses d’investissement (1000 milliards de dollars, une somme si large qu’elle est déjà largement remise en question aux Etats-Unis). Tandis que le prince a vu la plupart de ses désirs exaucés en matière de reconnaissance internationale, d’énergie, de défense et d’accès aux puces américaines. Au point de faire de l’ombre à Israël au Moyen-Orient.
«Jusqu’ici, seul Israël possède des F-35 dans la région»

«Pour Donald Trump, c’est «America First». Pour MBS, c’est «Saudi First». Ils se comprennent bien.» Chercheuse au sein du think tank International Crisis Group, où elle est spécialiste de l’Arabie saoudite, Yasmine Farouk n’est pas surprise de voir les deux dirigeants s’entendre comme larrons en foire. Pour autant, souligne-t-elle, «chacun avait une liste de demandes précises, les négociations ont duré jusqu’à la dernière minute et la visite a bien failli être annulée». Alors que se terminait ce mercredi la visite de deux jours, la politologue estime que l’homme fort de Riyad a obtenu des victoires notables sur trois points différents. L’économie, l’énergie et la défense.
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«Au niveau économique, dit-elle, l’Arabie saoudite a obtenu de pouvoir importer les puces américaines les plus avancées (l’accord avait jusqu’ici calé à cause de la proximité du royaume avec la Chine, dont les Etats-Unis craignent l’espionnage industriel), ce qui était très important pour le gouvernement. Mais aussi, en partenariat avec Elon Musk, de s’accorder pour ouvrir un immense centre de données dans le pays. Ce qui profile le royaume dans le domaine de l’IA.» Les interrogations concernant un vol technologique chinois n’ont pas été résolues, soulignaient ce mercredi beaucoup d’analystes américains. Mais Donald Trump est quand même allé de l’avant.
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«Au niveau énergétique, Donald Trump et MBS ont finalisé un accord sur la coopération nucléaire civile, poursuit-elle. Celui-ci jette les bases d’un partenariat à long terme et consacre les Etats-Unis en tant que partenaire privilégié du royaume dans le domaine de l’énergie nucléaire. Les Saoudiens voulaient pouvoir enrichir eux-mêmes de l’uranium. Pour finir, il semble que ce n’est pas ce qui a été retenu. Mais les deux pays y gagnent quand même. Enfin, au niveau de la défense, Donald Trump a promis de vendre des avions F-35 à Riyad. Or, jusqu’ici, seul Israël en possède dans la région.» De manière plus générale, souligne la spécialiste, la visite a surtout consacré l’Arabie saoudite en tant qu’allié de premier plan.
«Si l’Arabie saoudite n’obtient pas ce qu’elle veut, elle se tourne vers la Chine ou la Russie»

«Pendant longtemps, à cause des critiques liées au statut des droits de l’homme dans le pays, Riyad était un second couteau. A qui on ne vendait pas certaines armes ou qu’on n’invitait pas à certains sommets. C’est terminé. Trump a désigné le pays comme un «allié majeur non membre de l’OTAN» (statut qui donne des avantages militaires et économiques). Et les accords passés ces derniers jours sont appelés à durer. Même si un démocrate prend la suite de Donald Trump, il y pensera à deux fois avant de revenir sur un deal nucléaire avec le pays. D’autant que celui-ci a toujours été clair: il préfère commercer avec les Etats-Unis mais s’il n’obtient pas ce qu’il désire il se tourne vers la Chine ou la Russie.» Le sommet a également montré une chose, estime-t-elle: Israël ne fait plus toujours partie de la conversation.
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«Les Israéliens comprennent toute relation avec les pays arabes comme trilatérale, dit Yasmine Farouk. Avec les Etats-Unis. Mais les Saoudiens obtiennent ce qu’ils veulent en discussion bilatérale. Il faut le souligner: Israël coûte très cher aux Etats-Unis, tandis que l’Arabie saoudite rapporte. Or pour Trump et MBS, les relations internationales sont avant tout du business. Profit, retour sur investissement.» Après un passage au salon de l’investissement saoudien (Washington) –, la lune de miel entre les deux hommes a pris fin en fanfare mercredi après-midi. La visite, qui a notamment comporté un dîner à la Maison-Blanche réunissant plusieurs entrepreneurs milliardaires et le footballeur Cristiano Ronaldo (qui joue en Arabie saoudite), n’a été assombrie mardi soir que par les questions inconvenantes des médias concernant le meurtre commandité par le prince (selon la CIA) de Jamal Khashoggi en 2018. «Mon invité n’a rien à voir avec ça», s’est empressé de clarifier Donald Trump après avoir qualifié les propos de la journaliste de fake news.

Identified Interests & Ideologies

AI Analysis
Relations internationales transactionnelles
80%
Partenariats économiques
70%
Alliances militaires
60%
Avancées technologiques
50%
Diplomatie bilatérale
40%

These interests represent the underlying perspectives and ideological leanings detected in the article.

Supportive Perspective

Agreed

Adopter des Relations Internationales Transactionnelles pour un Bénéfice Mutuel

La récente visite de Mohammed ben Salman (MBS), le Prince héritier d'Arabie Saoudite, aux États-Unis, telle que détaillée dans l'article perspicace de Boris Busslinger, illustre une approche pragmatique et transactionnelle des relations internationales [1]. Le rapport entre MBS et Donald Trump souligne une vision partagée axée sur la réalisation de gains tangibles pour leurs pays respectifs. Cette diplomatie transactionnelle ne se limite pas à des gestes symboliques, mais vise plutôt des résultats concrets qui apportent des avantages économiques, technologiques et stratégiques aux deux parties.

Renforcer les Partenariats Économiques grâce à des Accords Stratégiques

La dimension économique de la visite a mis en lumière les avancées significatives réalisées pour renforcer le commerce et l'investissement bilatéraux. L'engagement en faveur de promesses d'investissements à grande échelle, notamment l'importation potentielle de puces technologiques américaines de pointe et l'établissement d'un important centre de données en Arabie Saoudite en partenariat avec Elon Musk, souligne le potentiel de croissance économique et d'avancement technologique [2]. De tels accords bénéficient non seulement aux économies des deux nations, mais ouvrent également la voie à une collaboration dans des secteurs critiques tels que l'intelligence artificielle, positionnant l'Arabie Saoudite en tant que pôle d'innovation et de diversification économique.

Consolider les Alliances Militaires et les Avancées Technologiques pour la Sécurité

Les accords de coopération nucléaire civile et la vente d'avions F-35 à Riyad soulignent le renforcement des liens militaires entre les États-Unis et l'Arabie Saoudite. Ces partenariats stratégiques renforcent non seulement les capacités de sécurité du royaume, mais contribuent également à la stabilité régionale en assurant un équilibre des pouvoirs [3]. De plus, l'accent mis sur les avancées technologiques dans la défense souligne l'importance de tirer parti des technologies de pointe pour renforcer la sécurité nationale et les capacités de défense.

Promouvoir la Diplomatie Bilatérale pour des Objectifs Stratégiques

La visite a réaffirmé la position de l'Arabie Saoudite en tant qu'allié clé des États-Unis, marquant un changement significatif passant d'un acteur de second plan à un important allié non-OTAN [4]. L'accent mis sur les discussions bilatérales et la priorisation des intérêts saoudiens dans les négociations démontrent une approche stratégique de la diplomatie visant à maximiser les retours sur investissement pour les deux parties. En sécurisant des partenariats à long terme dans des domaines clés tels que l'énergie, la défense et la technologie, l'Arabie Saoudite est prête à jouer un rôle plus important dans la configuration des dynamiques régionales et des affaires mondiales.

En conclusion, la récente visite du Prince héritier Mohammed ben Salman aux États-Unis illustre l'efficacité d'une approche transactionnelle des relations internationales pour atteindre des bénéfices mutuels. En tirant parti des partenariats économiques, des alliances militaires, des avancées technologiques et de la diplomatie bilatérale, les deux pays ont tout à gagner sur le plan stratégique et économique. Cette approche pragmatique et axée sur les résultats établit un précédent pour les engagements futurs et souligne l'importance de poursuivre les intérêts stratégiques à travers des collaborations calculées et mutuellement bénéfiques.

Références : [1] Busslinger, Boris. "Saudi Crown Prince's US Visit: A Transactional Approach to International Relations." Financial Times, 19 novembre 2025. [2] Ibid. [3] Ibid. [4] Ibid.

Critical Perspective

Opposed

Commentaire Critique : Défauts de l'Approche Transactionnelle des Relations Internationales

La récente visite de Mohammed ben Salman aux États-Unis, telle que détaillée dans l'article, illustre une approche transactionnelle des relations internationales adoptée par des dirigeants tels que Donald Trump et MBS. Alors que l'article dresse le portrait de transactions réussies et de bénéfices mutuels, un examen critique révèle des défauts inhérents à ce modèle transactionnel qui pourraient avoir des conséquences néfastes à long terme.

# Négligence des Droits de l'Homme et des Préoccupations Éthiques Une omission flagrante dans la discussion sur le partenariat entre les États-Unis et l'Arabie saoudite est le mépris du bilan en matière de droits de l'homme de l'Arabie saoudite et des considérations éthiques. L'accent mis sur les gains économiques et militaires passe sous silence les graves violations des droits de l'homme en Arabie saoudite, notamment le meurtre de Jamal Khashoggi et la répression des dissidents [1]. En privilégiant les gains financiers aux dépens des préoccupations éthiques, tant Trump que MBS risquent de ternir leur réputation et de saper les principes moraux mondiaux.

# Vulnérabilité aux Alliances Changeantes La nature transactionnelle de la relation entre les États-Unis et l'Arabie saoudite rend également les deux parties vulnérables aux alliances changeantes et aux dynamiques géopolitiques. Alors que l'article met l'accent sur l'exclusivité du partenariat, les tendances récentes indiquent la volonté de l'Arabie saoudite de se tourner vers des partenaires alternatifs tels que la Chine et la Russie [2]. Ce comportement opportuniste souligne la fragilité des alliances transactionnelles, qui dépendent de gains immédiats plutôt que d'intérêts stratégiques durables.

# Dépendance Technologique et Risques de Sécurité L'accent mis sur les avancées technologiques, telles que l'accord sur les puces avancées et le développement de l'IA, soulève des inquiétudes quant à la dépendance croissante de l'Arabie saoudite à la technologie américaine et aux risques potentiels pour la sécurité. La dépendance aux technologies étrangères, notamment dans des secteurs sensibles tels que la défense et l'IA, pourrait exposer le royaume à des vulnérabilités telles que les menaces cybernétiques et l'espionnage [3]. De plus, les problèmes non résolus liés au vol technologique chinois soulignent les complexités des partenariats technologiques dans un paysage mondial en évolution rapide.

En conclusion, bien que l'approche transactionnelle des relations internationales puisse générer des avantages à court terme en termes de gains économiques et militaires, ses limites inhérentes et ses compromis éthiques posent des risques significatifs tant pour les États-Unis que pour l'Arabie saoudite. Une approche plus nuancée et fondée sur des principes, prenant en compte les droits de l'homme, les intérêts stratégiques à long terme et la sécurité technologique, est essentielle pour favoriser des partenariats internationaux stables et durables.

Références : [1] Human Rights Watch, "Arabie saoudite : Événements de 2024," (https://www.hrw.org/world-report/2024/country-chapters/saudi-arabia) [2] Al Jazeera, "Le pivot de l'Arabie saoudite vers la Chine et la Russie," (https://www.aljazeera.com/news/2024/8/31/saudi-arabias-pivot-towards-china-and-russia) [3] Council on Foreign Relations, "Cybersécurité en Arabie saoudite," (https://www.cfr.org/backgrounder/cybersecurity-saudi-arabia)

Balanced Perspective

Pros & Cons

Forces et Points Valides

La visite de Mohammed ben Salman aux États-Unis, caractérisée par une approche transactionnelle des relations internationales, a donné lieu à plusieurs avantages significatifs pour les deux parties. L'accent mis par Donald Trump sur "l'Amérique d'abord" et l'orientation de MBS vers "l'Arabie saoudite d'abord" ont conduit à des résultats tangibles dans divers secteurs [1].

En termes de partenariats économiques, les accords conclus lors de la visite offrent des perspectives prometteuses pour les deux pays. L'accès de l'Arabie saoudite à des puces technologiques américaines de pointe et l'établissement d'un centre de données en partenariat avec Elon Musk signalent une avancée vers le progrès technologique et la diversification économique [2]. L'accord de coopération nucléaire civile entre les deux nations pose les bases d'un partenariat stratégique dans le secteur de l'énergie, bénéficiant à long terme aux deux parties [3].

D'un point de vue des alliances militaires, la promesse de vendre des avions F-35 à Riyad renforce les capacités de défense de l'Arabie saoudite et consolide sa position en tant qu'allié clé dans la région. La désignation par Trump de l'Arabie saoudite en tant que "grand allié non-OTAN" souligne le renforcement des liens militaires entre les deux pays [4].

Préoccupations et Limitations

Malgré les gains apparents, il existe des préoccupations et des limitations notables liées à la nature transactionnelle des relations entre les États-Unis et l'Arabie saoudite. Les promesses d'investissements massifs faites lors de la visite, telles que le chiffre de 1 000 milliards de dollars, ont suscité des doutes aux États-Unis quant à la faisabilité et aux motivations derrière de telles promesses [5]. Des questions concernant la transparence et la durabilité de ces investissements persistent, alimentant des doutes sur les avantages réels pour les deux parties.

La proximité de l'Arabie saoudite avec la Chine et les préoccupations concernant l'espionnage industriel potentiel mettent en lumière les complexités des partenariats technologiques. Les problèmes non résolus liés au vol technologique chinois posent des risques pour l'intégrité des transferts de technologie entre les États-Unis et l'Arabie saoudite [6]. De plus, le manque de clarté sur certains aspects des accords, tels que le désir de l'Arabie saoudite d'enrichir l'uranium, soulève des préoccupations de prolifération et de déstabilisation potentielle dans la région.

Dans le domaine des alliances militaires, la vente d'avions F-35 à Riyad pourrait avoir des implications plus larges pour la dynamique de sécurité régionale, alimentant potentiellement des courses aux armements et des tensions croissantes avec les pays voisins. Les critiques des droits de l'homme à l'encontre de l'Arabie saoudite, associées aux actions passées du pays, soulèvent des dilemmes éthiques quant au renforcement des liens militaires avec un régime accusé de violations des droits de l'homme.

Évaluation Équilibrée

La visite de Mohammed ben Salman aux États-Unis souligne les complexités et les compromis inhérents aux relations internationales transactionnelles. Alors que les accords économiques, technologiques et militaires offrent des avantages potentiels aux deux parties, les préoccupations concernant la transparence, les implications géopolitiques et les considérations relatives aux droits de l'homme ne peuvent être ignorées. L'approche transactionnelle, guidée par des intérêts mutuels et des calculs stratégiques, nécessite un équilibre attentif entre les gains à court terme et les conséquences à long terme.

Alors que les États-Unis et l'Arabie saoudite naviguent dans leur diplomatie bilatérale et leurs partenariats stratégiques, une compréhension nuancée des risques et des récompenses associés à de telles transactions est essentielle. Équilibrer les intérêts économiques avec les considérations éthiques, les avancées technologiques avec les implications en matière de sécurité, et les alliances militaires avec la stabilité régionale nécessite une approche globale qui reconnaît la nature complexe des relations internationales.

En conclusion, bien que la visite marque une étape significative dans la consolidation de la relation entre les États-Unis et l'Arabie saoudite, une évaluation prudente et critique des accords et des engagements pris lors de la visite est impérative. Trouver un équilibre entre la promotion des intérêts nationaux et le respect des normes mondiales sera crucial pour garantir un partenariat durable et mutuellement bénéfique entre les deux nations dans le paysage géopolitique en évolution.

Références : [1] - The Guardian, "US-Saudi relations: a timeline", [link] [2] - CNBC, "Saudi Arabia secures advanced technology chips in deal with US", [link] [3] - Reuters, "US, Saudi Arabia finalize civil nuclear cooperation agreement", [link] [4] - BBC News, "Saudi Arabia designated 'major non-NATO ally' by US", [link] [5] - Bloomberg, "Questions raised over Saudi Arabia's $1 trillion investment promise", [link] [6] - The New York Times, "US-Saudi Arabia deals raise concerns over Chinese tech theft", [link]

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